Trois films, trois visions du cinéma

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10 | 02 | 2016
Trois films, trois visions du cinéma

TROIS VISIONS DU CINEMA.


Au sein d’une école de cinéma, l’évolution de la technologie fait rarement débat. Les formats numériques sont devenus la norme, le débat ne porte plus que sur la course à l’ultra haute définition. Pourtant, la palette des outils techniques disponibles pour produire et réaliser des films est aujourd’hui très large, et la sortie de 3 films permet de confronter 3 visions du cinéma.
La 1ère concrétise une évolution majeure de la production : l’utilisation massive des effets VFX. La 2ème, au contraire fait le choix d’exclure les images 3D, et essaye de tirer parti des évolutions ultimes des formats numériques. La 3ème prend tout le monde à contrepied, et revient à un format argentique exceptionnel.

Belle et Sébastien dopé aux VFX

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Les VFX regroupent l’ensemble des techniques de post production permettant de mélanger prises de vues réelles et images de synthèses en 3D.
Le film Belle et Sébastien, l’aventure continue, réalisé par Christophe Dugay en est une bonne illustration. Le scénario en lui-même, mais aussi la volonté de faire un film spectaculaire rendaient les VFX incontournables. Ce sont au final 600 plans truqués qui ont été réalisés, avec des séquences très impressionnantes de vols d’avions, de crashs, de forêts en flamme…
Très présente dans l’histoire, la forêt en flamme montre parfaitement la puissance du mélange d’effets de tournage (SFX) et de postproduction (VFX). L’essentiel des flammes obtenues avec des rampes à gaz dissimulées dans les arbres sont rendues beaucoup plus crédibles par l’ajout de tisons, de braises rougeoyantes, de troncs calcinés, de particules incandescentes et de fumées créés en 3D.

Longtemps réservés aux films de SF et aux blockbusters, les VFX sont maintenant omniprésents dans quasiment tous les films, créant des besoins en termes de formation dans les écoles de cinéma. L’école EMC Malakoff a intégré ces enjeux de formation et créé un cursus d'animation 3D VFX au sein de son département Digital.

Les saisons, la nature à couper le souffle.

saisons

Le nouveau film de Jacques Perrin, les saisons, est une ode à la nature. Dès le départ, le parti pris a été d’exclure toutes images de synthèse pour ne proposer que des vues authentiques des animaux et de la nature.
Ayant tourné son dernier film, océans, en 35 mm, Jacques Perrin souhaitait explorer les possibilités de l’image numérique. Après avoir testé la prise de vue en 3D et en scope anamorphique, c’est vers le 4K encore balbutiant que c’est tourné l’équipe. La recherche s’est donc portée sur les caméras et les optiques, susceptibles, de résister aux conditions extrêmes du tournage, et de magnifier le sujet. C’est la Sony F65 qui a été choisie, et la F55 plus légère pour les tournages aériens.

« Cette caméra renouvelle le regard sur les animaux. Sa très grande définition permet de voir chaque plume des oiseaux, chaque poil des animaux avec plus de précision et d’acuité » affirme Jacques Cluzaud, coréalisateur du film.

Au final, les seuls effets consisteront à effacer les éléments de protection utilisés au tournage.

Tarantino à la vielle école ?

tarantino

Pour le réalisateur de Pulp fiction, le cinéma se confond avec son support, la pellicule. Mais à l’heure où tous les cinémas du monde ont basculé vers le numérique, tourner et projeter en pellicule a-t-il encore un sens technique, esthétique et artistique ?
Dans l’histoire du cinéma, le 35 mm a été de loin le format le plus utilisé. Il constitue une source de très haute qualité, équivalente au 4K numérique.

Pour les huit salopards, Tarantino et son Chef Opérateur ont fait un choix radical en tournant exclusivement avec des caméras 70 mm. Avec une surface 4 fois plus grande que le 35, il d’obtenir une définition supérieure au 8K (33 millions de pixels).
Ajouter à cela un étalonnage à l’ancienne, avec une production entièrement photochimique sans « Digital Intermédiate », et vous obtenez « des couleurs qui hurlent littéralement et vous sautent au visage », comme l’explique le chef opérateur.

En conclusion, ces 3 approches de la réalisation ne sont pas contradictoires. La 3D et les effets VFX (enseignés par ailleurs à l’EMC au sein des formations 3D) sont devenus des outils accessibles à toutes les productions. La chasse aux pixels est quant à elle toujours ouverte. Le 4K est encore embryonnaire, que déjà la 8K apparait. Quant à l’analogique, toujours pas mort. On peut sans grand risque parier qu’à l’image des vinyls en audio, les formats argentiques au cinéma ont encore de beaux jours.