Star Wars, une anthologie du trucage au cinéma

cinema
07 | 02 | 2017
Star Wars, une anthologie du trucage au cinéma

Branché par les images de synthèse ? Fondu d’animation 3D ? Fêlé de VFX ? La sortie de Rogue One est une bonne occasion de remonter le temps de 40 ans d’effets spéciaux qui racontent à eux seuls une page fondamentale de l’histoire du cinéma. C’est parti !

1977 : 1er film de la saga. Pour la 1ère fois, des astronefs réalisent des séquences de combats aussi virtuoses que celles de véritables avions de chasse. Fini les maquettes animées par des fils volant lentement devant un fond étoilé.

Dykstraflex

Ici, les vaisseaux sont filmés par une caméra surnommée la DYSTRAFLEX en référence aux maîtres des effets spéciaux, John Dykstra. La caméra est montée sur une grue pilotée par ordinateur. Un exploit pour l’époque. Ce ne sont plus les vaisseaux qui bougent, mais la caméra qui virevolte autour d’eux.
Une lampe de poche filmée surexposée, et c’est le réacteur qui s’embrase dans un virage sur l’aile.

1980 : nouveau film, nouvel exploit. Le héros : Maître Yoda n’est ni un acteur, ni une image de synthèse, mais une marionnette. Trois personnes sont nécessaires pour manipuler Yoda.

Maitre-yoda

Le 1er anime la main gauche de Yoda avec sa main gauche, la bouche et les arcades sourcilières avec sa main droite. Le 2ème anime la main droite de Yoda. Le 3ème contrôle les yeux, les paupières et la pointe des oreilles grâce à des câbles de vélo. Tous les décors sont surélevés pour cacher les manipulateurs. Des magiciens bidouilleurs bien loin des animateurs sortis d'une école de 3D.

1983 : Voici le plan le plus complexe de l’histoire des effets visuels sur pellicule. Ce ne sont pas moins que 63 vaisseaux en mouvement simultanément. Pour bien mesurer l’exploit, il faut penser que chaque vaisseau est filmé séparément avec son mouvement propre. Il constitue une pièce d’un gigantesque puzzle qui doit s’emboiter parfaitement avec les autres. Au final, ce ne sont pas moins de 170 bobines de film qui auront été nécessaire pour réaliser cette scène d’anthologie.

etoile-noire

1999 : Virage technologique sur l’aile. Désormais, tous les vaisseaux sont en pure 3D, les décors sont virtuels, et les effets entièrement numériques. Cruelle déception pour les purs amateurs des objets bricolés de la série originale mais une mine d'or pour les amateurs d'image de synthèses et les étudiants d'une formation en animation 3D. Mais l’invention géniale vient toujours se nicher quelque part. Comme dans cette course de Pods, dans une arène géante. En réalité, une arène miniature dont les gradins sont remplis de cotons tiges colorés animés par des ventilateurs. Illusion parfaite de la foule en délire.

Grande_Arene_de_Mos_Espa

2002 : Adieu la marionnette de Maître Yoda. Le personnage va être entièrement recréé en 3D afin de le rendre complètement libre de ses mouvements. Le modèle original est scanné, et étudié plan par plan dans l’Empire contre-attaque et le retour du Jedi pour reproduire la même gestuelle, et les mêmes expressions faciales. En plus jeune bien sûr.
A chacun de choisir son camp… La voix de Yoda, elle, est par contre conservée.

Yoda-3D

2015 : La nouvelle équipe de Lucas Film renoue intelligemment avec les techniques de trucage traditionnelles. Les plans saturés d’images de synthèse ont atteints leurs limites, et les personnages perdus devant leurs fonds bleus (ou verts) finissent par ôter toute crédibilité à l’histoire. Le film est tourné en 35 mm, et c’est le grand retour des décors grandioses, des vaisseaux construits en dur et des effets SFX.

2016 : Avec Rogue One, le réalisateur Gareth Edwards voulait donner un effet organique à son film. Tout est filmé comme si un correspondant de guerre suivait une action caméra à l’épaule. Le cadre bouge en permanence, ce qui, mine de rien, constitue un défi pour tracker les éléments virtuels à l’intérieur des décors réels. Un résultat final bluffant.

Rogue-one

Mais la vraie révolution technique du film est l’apparition de l’acteur Peter Cushing, le « Grand Moof Tarking », décédé en 1994, et qui va être entièrement reconstitué en 3D. Un résultat certes détectable, mais qui ouvre la voie à la reconstituions d’êtres humains disparus et jouant un vrai rôle.

Peter

Star Wars aura donc été pendant 40 ans le laboratoire, du bricolage génial à l’hyper technologie, pour le pire rarement, le meilleur souvent. 40 ans d’effets spéciaux qui ont sûrement créé des vocations pour rentrer dans la grande famille du trucage au cinéma.