William Duvet: le choix du Live

William Duvet: le choix du Live

Mixeur et designer


Bonjour William. Vous êtes un ancien étudiant de EMC SON. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots?

Je suis William Duvet, j’ai 30 ans. Et je suis actuellement technicien son chez Intelligence Audio, une société de consulting audio, architectes et développeurs de solutions techniques son. J’ai obtenu mon diplôme à l’EMC en 2012 dans la formation Ingénieur du son Musiques Actuelles.
J’ai fait la 3e année ISMA après une Licence en Sciences de l’Information, Audiovisuel et Médias Numériques option son dans le département Développement Recherche Enseignement en Audiovisuel et Multimédia de l’Université de Valenciennes.

Comment avez-vous décidé de vous orienter vers les métiers du son ?

A la base, j’étais musicien: je jouais de la batterie. Je me suis peu à peu intéressé à la technique du son et après mon bac, j’ai décidé de faire une fac d’audiovisuel pour aller plus loin.

 Tournée-Gringe---Crédit-GianniGiardinelliWEB
Tournée de GRINGE (Copyright Gianni Giardinelli)

Comment s’est fait pour vous le choix de l’EMC ?

Mes 3 années de fac étaient très axées sur la théorie, même si, parallèlement, j’effectuais des stages pour faire mes « armes ». Je cherchais donc une formation ancrée dans la pratique, une formation axée sur la musique et en alternance.
Et c’est pour cela que j’ai choisi l’EMC où on est une semaine en cours et deux semaines en entreprise. Je n’ai pas trouvé de contrat pro, ce n’était pas simple car j’habitais à Lille. J’ai fait ma formation en stage alterné.
Cela m’a permis d’acquérir l’expérience de terrain, bien sûr, mais aussi d’apprendre à travailler en entreprise. J’ai pu aussi rencontrer un grand nombre de techniciens son.

Comment avez-vous trouvé votre premier emploi ?

Avec l’alternance et les stages que j’avais effectués, je me suis fait un petit carnet d’adresses qui m’a permis de commencer. J’ai enchainé les missions avant de pouvoir basculer à un statut d’intermittent du spectacle.

Décrivez nous votre parcours professionnel jusqu’à aujourd’hui.

Après l’EMC, j’ai travaillé en tant qu’intermittent pendant les 6 premières années, au début comme assistant-son « multitâche ». Je touchais vraiment à tout : je faisais du son plateau, du son système, j’aidais aussi lors des sessions d’enregistrement studio.
Que ce soit en live ou en studio, J’ai eu la chance de travailler sur des projets très différents : sur des concerts, des festivals, sur des séances studio pour des groupes, des trios, pour des orchestres symphoniques....

Gesaffelstein---Coachella-WEB2Tournée de GESAFFELSTEIN (Coachella Festival-USA)

Au fur et à mesure, je me suis spécialisé dans le calibrage et le montage des systèmes son. A l’époque, nous étions aux débuts des normalisations de calibration des systèmes de sonorisation. Cela m’a intéressé et j’ai pris l’initiative de faire des formations chez les constructeurs d’enceintes. Et j’ai de plus en plus souvent été amené à prendre la console façade. Parfois « être au bon endroit au bon moment », permet d’être projeté avec plus de responsabilités !

Aujourd’hui, vous travaillez chez Intelligence Audio...

Oui, depuis 2 ans, je suis salarié chez Intelligence Audio en tant que technicien Son. Intelligence audio, c’est une équipe de 6 personnes pour une société de conseil Son : on travaille avec les artistes, les directeurs de salle ou d’événements pour leur proposer des solutions techniques qui correspondent le mieux à leurs choix artistiques, à leurs contraintes techniques. Nous intervenons pour optimiser la chaîne audio de la source à sa restitution en proposant les solutions techniques les plus fiables et les plus qualitatives.

En quoi consiste concrètement votre métier ?

Actuellement je suis mixeur et designer. Je prends la route avec les artistes et fais partie de l’équipe technique. Je travaille donc sur la conception des régies et le design système. Concrètement, je détermine le matériel qui va permettre une création sonore et une restitution conformes à ce que veut l’artiste. Je choisis, par exemple, quelles enceintes utiliser et où les installer pour parvenir au son désiré, je suis là pour garantir que, chaque soir, à chaque représentation, les systèmes sont en bon état de fonctionnement et de réglage pour une qualité sonore optimale.

Des projets vous ont-ils marqué plus particulièrement?

L’année dernière, j’ai pris la route avec le rappeur GRINGE comme mixeur FOH (mixeur façade). Je suis parti aussi aux Etats Unis pour la tournée de GESAFFELSTEIN comme technicien Système et Support AVID S6L. Ces deux tournées ont été importantes pour moi car, à chaque fois, nous avons pu vraiment travailler en amont avec l’artiste sur l’optimisation audio. On a travaillé en équipe et main dans la main avec l’artiste pour, chaque soir, proposer au public le même spectacle, avec la même exigence de qualité. La tournée avec Gesaffelstein a été une aventure professionnelle mais aussi humaine extraordinaire : être en Etats-Unis, aller de ville en ville, et, découvrir de nouvelles salles, travailler avec leurs équipes techniques…
En dehors de ces gros projets où je suis avec les artistes en tournée, j’interviens aussi sur la préparation de festivals ou d’événements en amont. Je conçois aussi des régies pour des collègues qui partent sur la route avec.

J’ai également eu la chance de participer à l’un des premiers déploiements à grande échelle, du système de son immersif L-ISA. Imaginez le stade Pierre Mauroy de Lille transformé en salle de spectacle. Sur la scène, les presque 300 artistes de l’Orchestre National de Lille, dirigé par Jean-Claude Casadesus pour un Requiem de Verdi avec une diffusion du son spatialisé ! Un moment inoubliable !

L-Isa-LILLE-WEBL'Orchestre National de Lille  expérimente le système L-Isa, au Stade P. Mauroy.

Que vous a apporté l’EMC?

J’ai, jusqu’à présent, essentiellement travaillé pour la Musique Actuelle. J’ai aussi un peu touché au théâtre, mais vraiment très peu. Et c’est à l’EMC que j’ai pu découvrir l’application des techniques du son à la Musique Actuelle amplifiée tant en enregistrement/production qu’en Live. La formation Ingénieur du Son Musiques Actuelles a donc été fondamentale pour la suite de mon parcours professionnel.

Quel a été le souvenir le plus marquant de vos études ?

C’est certainement quand j’ai rendu mon mémoire. Un grand moment car 3 semaines, avant la soutenance, il m’a été volé dans un cambriolage…
Quitter les personnes de ma promotion a été aussi un moment très émouvant, après un an passé tous ensemble, la tête dans le guidon ! Je garde un très bon souvenir de la convivialité de l’école.

Avez-vous des conseils pour les futurs étudiants attirés par votre métier précisément et plus largement par le son?

Surtout ne vous ruez pas sur l’informatique et les nouvelles technologies. Il faut prendre le temps, pas à pas, de parfaitement comprendre ce que les techniciens ont construit pendant 50 ans, avant vous. Ils n’avaient pas d’école, eux… et faites de la musique !