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À l’occasion de sa Journée Portes Ouvertes, l’EMC Malakoff a organisé une matinée spéciale dédiée à la diversité, l’égalité et l’inclusion dans les métiers de l’audiovisuel, du son et de l’animation 3D. L’objectif : ouvrir un espace de parole pour questionner les rapports de genre dans ces filières et mettre en lumière les initiatives concrètes en faveur de la parité.
Point central de cette matinée, la table ronde “Égalité des hommes et des femmes dans l’audiovisuel, le son et l’animation 3D : où en est-on ?” a été animée par Isabelle Layer, journaliste à France Télévisions. Elle a réuni quatre professionnelles aux parcours solides et inspirants :
Dominique Aru, a ouvert la discussion avec un témoignage fort sur la légitimité encore difficile à conquérir pour les femmes réalisatrices. Elle a rappelé combien les codes très masculins du cinéma traditionnel ont longtemps constitué un frein à l’expression personnelle de nombreuses femmes.
Mais au fil des années, l’arrivée du numérique a marqué un tournant décisif pour elle et d’autres créatrices :
"Quand les caméras sont devenues plus accessibles et légères, je me suis sentie plus libre. Ça a ouvert d’autres champs, j’ai pu faire des choses plus personnelles, être seule sur certains projets, sans avoir besoin d’une validation extérieure."
Cette évolution technique a permis à des femmes comme elle de s’affranchir des lourdeurs de production, et de réinvestir le champ du récit avec plus d’autonomie, en s’éloignant du “monstre cinéma” et de ses codes dominants.
De son côté, Laure Vergne, ingénieure du son spécialisée dans la musique live, évoque une progression notable dans l’état d’esprit des équipes techniques. Elle constate aujourd’hui une féminisation croissante des métiers du son, accompagnée d’une meilleure ouverture d’esprit dans le secteur :
"Aujourd’hui, mes collègues masculins ont l’esprit plus ouvert, et nous sommes de plus en plus nombreuses."
Un optimisme porteur d’espoir, qui montre que la mixité devient peu à peu la norme dans certains contextes professionnels.
Quant à Valérie Potonniée, cheffe opératrice et membre du collectif Femmes à la caméra, elle a appuyé son intervention avec des données chiffrées saisissantes sur la représentation des femmes dans les métiers de l’image :
"Entre 2000 et 2023, seulement 10 % des chefs opérateurs dans le cinéma et les documentaires étaient des femmes."
Elle a également salué les mesures incitatives mises en place par le CNC, notamment le bonus de 15 % accordé aux productions dont les équipes sont paritaires sur un tournage. Un levier structurant qui, selon elle, porte ses fruits :
"On est passés de 13 % des films éligibles en 2019 à 33 % en 2024. Les choses avancent, lentement, mais elles avancent."
Ces témoignages dessinent une photographie nuancée : les inégalités subsistent, mais les lignes bougent grâce à la mobilisation des professionnelles, aux initiatives institutionnelles, et à une prise de conscience collective dans les industries culturelles.
Camille Le Ruyet, formée il y a 20 ans, souligne la situation particulière du secteur de l’animation 3D, plus équilibré que d’autres, comme l’a déjà fait Homeira Abrishami, notre responsable pédagogique du pôle 3D :
"C’est un domaine où la parité parfaite hommes/femmes est quasiment atteinte, notamment à la sortie des écoles et sur les postes de direction."
Elle note aussi une dynamique encourageante dans certains métiers comme l’animation, le compositing, le layout ou le lighting, qui se féminisent de plus en plus. Mais elle rappelle qu’il reste des efforts à faire, notamment du côté de l’inclusion des personnes en situation de handicap ou issues de minorités de genre.
Au fil des échanges, plusieurs structures engagées pour la parité dans les métiers du son, de l’audiovisuel et de l’animation 3D ont été mentionnées par les intervenantes comme des leviers importants de transformation du secteur :
Ces exemples ont permis d’illustrer que, bien qu’il reste du chemin à parcourir, des outils concrets existent pour accompagner les changements nécessaires dans les filières créatives.
À l’EMC, nous formons chaque année des étudiantes et étudiants aux métiers créatifs du son, de l’audiovisuel et de l’animation 3D. Cette table ronde illustre notre volonté d’ouvrir des espaces de dialogue et d’action pour construire une industrie plus juste et plus représentative.