Les Majors face à la dématérialisation du support

Auteur(s) : Renaud LAY
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Les Majors face à la dématérialisation du support

Quand on parle de la dématérialisation de la musique, on associe ce phénomène très vite au piratage et à Internet. Mais, de tout temps, l’industrie de la musique enregistrée a dû livrer bataille pour garder sa suprématie.

 La première crise traversée par ce secteur a eu lieu au début des années 20, avec l’émergence de la radio. Une forte baisse des ventes de phonogrammes est alors associée à ce média, au fait d’écouter gratuitement de la musique. Après plusieurs années de crise, la solution s’impose d’elle-même, la radio devient un outil de promotion pour les maisons de disque.   Ainsi, une diminution de la production couplée à la promotion via la radio de quelques titres permet alors aux entreprises de réaliser bien plus de profits qu’auparavant.   Aujourd’hui, on ne peut que constater la viabilité de ce système, si Universal Music vend autant de disques, c’est aussi grâce à NRJ, Fun Radio et Skyrock qui diffusent parfois la même nouveauté 18 fois par jour.   La seconde crise se situe après-guerre. Le marché est alors prospère et voit deux nouveaux formats de diffusion s’installer sur le marché : le 33t et le 45t. CBS versus RCA : deux radios ayant investi le secteur de la musique enregistrée. Chaque firme voulant imposer son standard. La baisse significative de 23% des ventes entre 1947 et 1949 est due à la confusion du public, ne sachant vers quel standard se tourner, les ventes se sont alors écroulées. On constate une situation similaire de nos jours : la bataille qui a eu lieu entre le Blu-Ray et le HD-DVD.   Pour le vinyle, la solution consista en la cohabitation des deux formats, l’un pour la musique classique, l’autre pour la musique plus « populaire ».  Par la suite, le 33t sera le format de l’album, et le 45t permettra la diffusion d’extraits de l’album, assurant ainsi sa promotion : le « single » venait d’apparaître.

La fin des années 70 apporte à l’industrie une troisième crise. Les ventes de disques chutent alors de 11% aux USA et de 20% en Angleterre. Les raisons : le contexte économique, l’apparition de nouveaux loisirs, du magnétoscope, des jeux vidéos qui concurrencent la musique. La baisse de qualité de l’offre et la fin de vie du « disco » expliquent partiellement cette crise. C’est aussi à cette époque qu’apparaît la K7 audio vierge dans les foyers. Ce nouveau support permet aux particuliers de copier, effacer et recopier de nombreuses fois de la musique sur un seul et même support.

La Recording Industry Association of America réagit à cette vague de piratage en lançant une campagne de publicité : « Home taping is killing music » littéralement « la copie sur bande à la maison tue la musique ».

Parallèlement à cette campagne et la même année, une étude du Copyright Royalty Tribunal démontre que les plus gros copieurs sur cassette sont également les plus gros acheteurs.

En 1983, le CD arrive sur le marché. Ce nouveau support de distribution relance prodigieusement les ventes. On présente ce format au public comme un changement radical : plus économique, plus pratique, il apporte dans les foyers la révolution de la qualité numérique.

Toutefois, au début des années 90, 25% des phonogrammes commercialisés dans le monde étaient d’origine frauduleuse. Ils étaient alors constitués de CD « pirates », sur lesquels on pouvait retrouver par exemple, des enregistrements non autorisés de concert, des chutes d’albums studio, et autres titres non éditées par les maisons de disque.

En 2000, les ventes ne se sont jamais aussi bien portées. Depuis un siècle, la concentration de l’industrie du disque a amené 4 entreprises nommées « Majors » à se partager plus de 70% du marché. Ces 4 firmes sont Universal Music, SonyBMG, EMI et Warner Music.
Alors que le prix du CD n’a toujours pas baissé, une quatrième crise pointe le bout de son nez : la familiarisation et la banalisation du téléchargement illégal sont montrées du doigt par ces 4 Majors.
Alors que le prix du CD n’a toujours pas baissé, une quatrième crise pointe le bout de son nez : la familiarisation et la banalisation du téléchargement illégal sont montrées du doigt par ces 4 Majors.

Le piratage n’est pas apparu avec Internet, il s’est juste généralisé.

Partant de ce classique constat, nous allons essayer de répondre à quelques questions : quels sont les véritables enjeux de la dématérialisation ? Les 4 majors peuvent-elles sortir de cette crise ? Et surtout, au-delà de ces questions purement mercantiles : quel avenir pour la musique enregistrée ?

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